L’infidélité à la française ?
Les historiens / sociologues / ethnologues nous rappellent que le rapport à la sexualité est lié à des considérations historiques / géographiques / culturelles.
Peut-on étendre cette hypothèse à l’infidélité ? Peut-on considérer qu’il existe une une infidélité caractéristique en France, en Belgique, en Suisse ou au Canada ?
1 – L’infidélité change de forme en fonction des cultures / sociétés …
Il existe bien entendu des éléments communs / universels dans les comportements d’infidélité. L’homme infidèle est à la fois séducteur, sensible, cultivé, inconscient, goujat, inexcusable, drôle, attendrissant, pathétique, incorrigible … En un mot : humain …
Mais l’histoire / l’étude des civilisations comporte de nombreux témoignages / récits qui nous permettent d’affirmer que la question de l’infidélité est bien (en partie au moins) liée à des facteurs socio-culturels.
- Les romains et les grecs sont souvent décrits comme des hommes qui n’hésitaient pas à cultiver une sexualité décomplexée.
- Certains pays d’Afrique tolérant la polygamie – qui permet à un homme de se marier avec plusieurs femmes.
- En Europe, la culture judéo-chrétienne à longtemps eu une influence normative sur la vision du couple, son rôle, ses limites …
- L’infidélité féminine est toujours très mal vue dans certains pays du moyen Orient ou du Maghreb.
- Autre exemple : les premiers mouvements pro-gay / lesbiens ont vu le jour en Californie aux Etats-Unis. La Californie (et en particulier la ville de San Francisco) reste d’ailleurs toujours un haut lieu de militantisme pour la cause des homosexuels.
2 – Des spécificités nationales ?
Oui, cette grille de lecture doit être envisagée si l’on accepte la première hypothèse évoquée ci-dessus.
Mais cet exercice est difficile.
Dresser le portrait de l’homme ou de la femme infidèle en France ou dans un autre pays européen n’est pas évident.
- L’infidélité française ne s’arrête pas aux frontières Belges ou aux frontières Suisses …
- Il faut qu’il existe de réelles différences culturelles pour que l’on puisse établir des éléments de comparaison significatifs.
- L’universalisation des outils de communication tend en outre à normaliser le regard que les citoyens de tel ou tel pays peuvent porter sur ce sujet.
3 – Quelques pistes / ébauches de réflexion
Encore une fois, aborder le thème de spécificités nationales sur l’infidélité est un sujet délicat.
Mais n’éludons pas la question et essayons de formuler quelques pistes de réflexion.
Nous souhaitons tout d’abord attirer votre attention sur les travaux réalisés par une journaliste américaine : Pamela Druckerman. Pamela Druckerman a beaucoup œuvré pour tenter de mieux comprendre l’infidélité et pour sensibiliser le grand public aux enjeux sous-jacents à ce type de comportement. La journaliste a consacré un livre spécial sur ces questions. Elle s’appuie sur ses propres enquêtes pour étayer ses propos. Un travail d’analyse ambitieux et qui fait encore office de référence lorsque l’on souhaite trouver des statistiques sur l’infidélité dans différents pays européens.
D’après les conclusions de la journaliste :
- En France : l’infidélité reste tolérée, mais dans certaines limites …
- En Suisse : le sujet est plus tabou. Beaucoup de personnes sont infidèles, mais peu de personnes en parlent ouvertement …
- En Belgique : comme en France, l’infidélité reste tolérée dans certaines conditions.
Nos propres observations rejoignent ces conclusions.
Parfait !
Poursuivons notre réflexion et portons à présent notre regard ailleurs.
L’infidélité en France
L’image de l’infidélité française restera sans doute longtemps associée au film « Les infidèles ».
- Ce film embrasse littéralement son sujet !
- Une pléiade de réalisateurs, d’acteurs ou de scénaristes sont associés à ce projet. Signalons entre autres la participation de Jean Dujardin (1er acteur français lauréat de l’oscar du meilleur acteur), d’Alexandra Lamy (actrice – et femme de Jean Dujardin), de Gilles Lellouche (acteur, réalisateur et scénariste), de Michel Hazanavicius (réalisateur, scénariste, producteur), d’Eric Lartigau (réalisateur) ou encore d’Emmanuelle Bercot (réalisatrice, scénariste, actrice) …
- Le film a beaucoup fait parler de lui avant et après sa sortie dans les salles de cinéma.
- Le film a rencontré un réel succès auprès du grand public.
Les critiques que l’on retrouve dans la presse cinématographique du moment sont particulièrement intéressantes pour mieux cerner notre sujet. Ces critiques reflètent à leur manière une certaine vision de la société.
D’où la question suivante : que ressort-il de cet instantané ?
Les critiques saluent dans leur ensemble un film qui laisse la place :
- A l’humour, aux situations burlesques, à de nombreux effets comiques …
- Mais aussi à des scènes plus profondes et qui nous amènent à nous interroger sur les méandres des sentiments amoureux …
Les personnages qui ressortent des portraits dépeints dans le film sont à la fois coupables et innocents.
Le portrait type de l’homme infidèle en France épouse ici les traits d’un personnage aux nombreuses facettes, et sans doute beaucoup plus complexe qu’il n’y parait …
L’infidélité en Belgique
La société Belge semble porter un regard plutôt décomplexé sur l’infidélité.
Dans une interview accordée au journal Moustique.be, Thierry Debels – interviewé sur son livre « L’argent de nos rois. La face cachée de leur fortune et de leurs dépenses » – utilise une formule intéressante lorsqu’il compare le tabou de l’infidélité et celui qui entoure la fortune de la famille royale.
« L’argent reste le dernier tabou de la famille royale. On peut parler des enfants nés de relations adultères mais pas de la fortune du roi » (cf : en référence à l’infidélité du roi Albert II).
Un autre article paru dans les colonnes du site Rtbf.be (« Le Belge est-il infidèle ? ») semble également confirmer l’idée selon laquelle les belges ont un certain recul sur les questions liées à l’infidélité.
« Les personnes interrogées en rue ne se disent pas surprises car le Belge serait particulièrement entreprenant. Je me fais draguer au moins dix fois par jour, nous dit une passante. Pour une autre, le Belge ment beaucoup, alors qu’un homme prétendra, un large sourire aux lèvres, qu’il est lui, très fidèle. Car les hommes n’ont pas le monopole de la tromperie ».
L’infidélité en Suisse
La Suisse a plutôt l’image d’un pays sérieux (cf l’image du secret bancaire), calme (« y a pas le feu au lac ») et neutre (pour rappel la Suisse ne fait pas partie de l’Europe économique et monétaire).
De la même manière, les Suisses restent très discrets lorsque l’on évoque leur vie privée.
Pourtant, comme ailleurs, certaines tendances viennent remettre en cause des codes et des pratiques sociales traditionnelles.
L’infidélité reste peut-être un sujet tabou au sein du couple, mais il occupe par contre de plus en plus de place dans les médias.
La question de spécificités Suisses est évoquée dans certains articles ou certains reportages.
Exemple : une interview du webmaster du site de rencontre extraconjugale Suisse Adulteres.ch pour la radio LFM (Lausanne FM) – écouter cette archive sonore.
Dans cette interview, l’homme infidèle Suisse est décrit comme :
- Quelqu’un qui aurait autour de 30/35 ans ou plus.
- Quelqu’un de dynamique et qui occuperait un travail à responsabilité.
La femme infidèle Suisse est pour sa part décrite comme :
- Une femme ayant autour de 35/40 ans ou plus.
- Une femme qui peut être lassée par sa vie conjugale et qui aurait envie de s’offrir quelques incartades extraconjugales en toute discrétion.