Introduction : un coupable idéal

Une personne qui décide de tromper son ou sa partenaire endosse de facto le rôle de « méchant », de coupable idéal.

Cette personne est à priori coupable de différents comportements injustifiables.

• Le fait de mettre en péril son couple.
• Le fait de tromper plutôt que de quitter.
• Le fait de ne pas avoir essayé de parler avec son conjoint / sa conjointe avant de commettre « l’irréparable ».
• Le fait d’avoir trahi la personne que l’on a choisi d’aimer.

Bref, les faits que l’on peut reprocher à une personne infidèle ne manquent pas …

Mais dans le même temps, cette vision des choses n’est-elle pas excessive ?

Essayons de retourner la problématique :

Et si les personnes infidèles étaient en réalité plus victimes que coupables ?

Discussion

Au niveau du couple / au niveau personnel

Les deux conjoints sont souvent responsables !

Différents sondages le confirment :

La plupart des personnes qui sont infidèles le sont lorsque leur couple va mal – difficultés sentimentales (moins d’amour) ou sexuelles (perte de désir, relations moins fréquentes).

• Or ce type de situation ne repose pas systématiquement sur les seules épaules de la personne qui a été infidèle.

Autrement dit :

• Les personnes infidèles n’auraient peut-être jamais trompé leur partenaire dans un autre contexte.

Il serait alors possible de penser que de nombreuses personnes infidèles seraient en quelques sortes victimes d’une situation conjugale compliquée.

Un utilisateur que nous avons questionné reprend cette idée sans détours : « on ne décide pas de tromper son partenaire » …

Avancer ce genre d’arguments peut choquer.

Mais cette hypothèse est-elle finalement si farfelue ?

La double peine pour les infidèles ?

Plus que la double peine, les infidèles sont confrontés à de nombreuses difficultés :

• Comme nous l’avons souligné plus haut, la plupart des personnes qui décident d’être infidèles le font souvent lorsque leur couple va réellement mal – et généralement :
  – Après un certain temps de vie commune (plusieurs mois ou plusieurs années).
  – Après avoir fait différentes tentatives pour essayer de changer la donne.
• Dans de nombreux cas, ces personnes peuvent éprouver de réels remords.
• Elles prennent également de nombreux risques.
• Elles ne peuvent pas toujours se confier :
  – Pas évident de parler d’un dérapage extraconjugal à son chéri ou à sa tendre …
  – Idem, difficile d’évoquer un sujet aussi intime avec sa famille proche …
  – Les ami(e)s ? Pourquoi pas … Mais cela implique le risque de voir l’affaire s’ébruiter …
  – Pas de club pour les infidèles anonymes …

Que dire par ailleurs des personnes qui sont en couple …

• Mais qui tombent amoureuses de quelqu’un d’autre ?
• Mais qui n’ont pas eu beaucoup d’expériences sexuelles et qui éprouvent le désir de connaître différents partenaires avant d’être sûr de vouloir passer le reste de sa vie avec lui / elle ?
• Mais qui ont déjà été trompées par leur partenaire actuel ?
• Mais qui ont envie de réaliser certains fantasmes ?
• Mais dont les désirs sexuels évoluent vers des pratiques libertines ?

Sur un plan plus général

Les infidèles (ou ceux qui défendent leurs démarches) stigmatisés

Plusieurs signaux indiquent que notre société n’est pas toujours tendre à l’égard des personnes infidèles.

Exemples :

• Les médias peuvent détruire la carrière d’un homme politique infidèle (affaires Petraeus, DSK, Berlusconi).
• Nous avons nous-même reçu certains messages de menaces. Une personne nous a par exemple adressé un email dans lequel elle nous annonçait que le destin de notre équipe serait d’aller bruler en enfer … Sympathique …

Pourquoi l’infidélité est-elle si mal perçue ?

Sans doute parce que l’infidélité :

• Reste avant tout associée à tout un système de considérations morales / religieuses / culturelles négatives.
• Reste encore un phénomène où les clichés ont la vie longue (et où les efforts afin de dédramatiser l’infidélité restent encore considérables).

Rester en couple, mais consommer plus ?

Comment rester fidèle dans une société ?

• Où le corps devient (dans certaines limites) un bien de consommation comme un autre ?
• Où l’image du couple se délite ?
• Où l’infidélité serait génétique / biologique / naturelle ?
• Où la réussite sociale est associée à l’image de couples riches, beaux et hors normes ?
• Où la pornographie est omniprésente, accessibles à tous / toutes ?
• Où la durée de vie (et de la vie de couple) s’allonge ?

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